Un Road-Trip en 4×4 de 4200 km effectué en novembre/décembre 2023 à travers la Chapada dos Veadeiros (État du Goias), le parc du Jalapão (Tocantins), la Chapada das Mesas (Maranhão), la Serra da Capivara (Piaui), et enfin l’arrivée à Natal (Rio Grande do Norte) après une étape à Juazeiro do Norte et Santa Cruz (sanctuaire et statue de Santa Rita de Cassia, la plus grande statue catholique du monde).
Le 21 novembre en début d’après-midi nous quittons Brasilia la capitale du pays où nous avons passé près de 3 semaines chez des amis. On retrouve Gwen et Oscar, un jeune couple Belgo-bolivien contacté via Facebook pour partager le voyage (et les frais d’essence). Plus sympa et plus secure à 4. Ils nous attendent à la gare routière en provenance de Bolivie. On roule jusqu’à Alto Paraiso de Goias dans la Chapada dos Veadeiros, où nous avons loué un agréable petit appart avec vue sur les montagnes.
Le lendemain, 22 novembre, il pleut, on renonce donc au projet de faire une grande rando (direction la Catarata dos Couros) et optons pour une balade plus courte : la vallée de la lune.
Paysages étonnants qui nous met devant un nouveau dilemme car on découvre que tout est payant, y compris les randos en pleine nature. Ce sera 40 R$ par personne pour la vallée de la lune, ce qui nous amène à reconsidérer notre programme, on sélectionnera les meilleurs spots et on restera moins longtemps car ce n’est pas dans notre budget de faire plusieurs cascades payantes par jour.
Jeudi 23 novembre, un coup d’œil à la météo qui s’annonce plus clémente, on se lance à la conquête d’un long trek le « Mirante da Janela » considéré comme assez difficile et long (8km sur des chemins très accidentés par endroits). C’est effectivement long (on met plus de 3 heures pour arriver au bout), fatiguant sans entraînement (grosses pierres à « escalader » par endroits) et la forte chaleur nous fait bien transpirer mais la récompense au bout est à couper le souffle. Paysage splendide de cascades sauvages, pique-nique bien mérité devant ce panorama.
La descente sera tout aussi éprouvante en raison d’un violent orage tropical qui s’abat sur nous en chemin. On finira par trouver refuge sous une grosse pierre, déjà trempés jusqu’aux os, mais quelle journée fantastique et inoubliable.
La journée n’est cependant pas terminée ! On a décidé pour le lendemain, de se rendre du côté de Cavalcante à l’autre bout du parc de la Chapada dos Veadeiros (à + 100km). On prend donc la route, qui se termine en piste sur les 30 derniers km. La nuit tombe et le trajet devient interminable sur cette piste avec quelques passages sur des ponts en bois étroits et glissants mais on a choisi de dormir dans un Quilombo, le village Kalunga. Une petite pousada très rustique nous attend pour la nuit. On a choisi de dormir sur place pour être tôt à la cachoeira Santa Barbara le lendemain et pour profiter de la réduction offerte aux personnes résident dans le Quilombo. Contact chaleureux avec la propriétaire des lieux, Cida, qui nous oriente vers un guide pour le lendemain (guide obligatoire, 200 R$ pour la journée). On décide avec lui de ne faire que les 2 principales cascades étant donné le prix (qui s’ajoute à celui du guide).
Vendredi 24 novembre, à 8h00 du matin notre guide nous rejoint à la pousada da Cida, on prend la voiture pour le centre du village où on achète nos billets pour les cascades (avec la réduction Quilombo + moitié tarif +60 ans, on paye finalement 117R$ à 2 pour les 2 cascades). Puis on doit embarquer dans une jardineira (sorte de taxi brousse) qu’il faut payer encore 10R$ par personne alors qu’on pourrait très bien y aller avec notre 4×4, mais c’est comme ça :-).
Au terme de cette balade en véhicule façon « Pekin Express », on se retrouve à marcher environ 2 km sur un terrain plat et sans aucune difficulté. L’environnement est beau, la chaleur déjà écrasante mais on apercevra un Toucan. L’arrivée à la cascade est une féerie ! Eaux turquoises et transparentes, il n’y a personne à part un couple avec un guide. La baignade est bienvenue, l’eau nous semble fraîche pour le Brésil mais elle doit bien être à 20 ou 22°C.
Après avoir longuement profité du lieu, on repart en sens inverse, retour jusqu’au village et de nouveau 2 petits km de marche jusqu’à la cascade da Capivara. Chemin beaucoup plus accidenté avec du dénivelé. La cascade s’étend sur plusieurs niveaux, il y a du monde, on pique-nique, on se détend, les jambes sont bien fatiguées après ces 2 journées à crapahuter. On fini par repartir et quitter le Quilombo avec l’idée d’avancer le plus possible vers notre deuxième étape de ce roadtrip, le parc du Jalapão situé 700 km plus au nord. On s’arrêtera dans une petite ville, à Arraias où nous trouvons un hôtel pas trop cher pour y passer la nuit.
Samedi 25 novembre, on va rentrer dans le Jalapão par le sud, je décide donc de faire étape directement à Ponte Alta do Tocantins. J’ai trouvé une pousada sur Booking.com qui a l’air très bien et pas cher, avec piscine, cuisine, dans un jardin tropical etc, des petits chalets pleins de charme pour 270R$ à 4 mais je soupçonne une embrouille dans l’annonce pas très claire… bref ! Comme c’est le week-end, on préfère assurer une réservation.
Arrivés à Ponte Alta, la pousada répond à toutes les espérances, c’est magnifique, à priori le prix est bien ok, on a de la chance. Nos 2 jeunes compagnons de voyage sont fatigués et souhaitent se reposer, nous, après un bref plongeon dans la piscine, on part voir le canyon Sussuapara. La pluie commence à tomber sur la piste mais une éclaircie semble se profiler au moment où nous arrivons au canyon. On fait donc la visite seuls (la plupart des gens qui viennent dans le Jalapão prennent des circuits tout compris au départ de Palmas). On paye notre entrée, je ne sais plus combien (30 R$ peut-être) on commence à être bien habitués à sortir le portefeuille pour tout. En repartant de la visite, impossible de démarrer ! le levier de vitesse est complètement bloqué au point mort sans que je comprenne pourquoi. Après quelques efforts, tout semble redevenir normal et je ne m’inquiètes pas plus que ça. On retourne à Ponte Alta do Tocantins, le ciel s’est bien dégagé, on veut aller voir la Pedra Furada au coucher du soleil et on prend au passage nos compagnons de route restés à l’hôtel.
Arrivés à la Pedra, mon gps indique à droite mais un panneau indique à gauche. Je vais donc à gauche, on tombe dans une Fazenda avec une belle entrée et un grand parking, je sens le traquenard…
Effectivement, passage obligé par « l’accueil », le chemin d’accès à la pierre est gratuit mais il faut soi-disant absolument se munir d’un casque pour se protéger des éventuelles chutes de pierres ! Le casque, lui, est à louer pour 20R$ par personne. Désolé mais je ne comprend pas, soit ce n’est pas dangereux et on n’a pas besoin de casque, soit on peut se prendre une pierre sur la tronche, et il faut interdire les visites car un casque ne suffira pas. Donc on s’en va, avec l’idée de suivre mon gps… Mais mon levier de vitesse recommence à faire des siennes. Que faire ? Pas possible de s’aventurer comme ça dans des chemins trop escarpés, on décide donc de rentrer à l’hôtel.
Là j’avertis mes compagnons que le programme du lendemain risque d’être modifié. Nous devons nous aventurer les 3 prochains jours sur des pistes très peu fréquentées, la sagesse commande donc de passer d’abord chez un garagiste, mais le plus près c’est à Palmas, à 100 km ! Nous aviserons demain.
Dimanche 26 novembre, départ de la pousada et le gérant m’annonce que le prix est multiplié par 2 puisque nous avions 2 chalets. Je lui explique que ce n’est pas normal car le prix sur Booking était bien noté pour 4 personnes, sa réponse : « oui mais c’est pour 4 personnes dans le même chalets et vous en avez pris 2 ». Je réponds, c’est vrai, on en a pris 2 puisque vous ne m’avez pas proposé de chalet avec 4 lits mais au maximum 3, donc j’en ai conclu que c’était des chalets pour 2 à 3 personnes, pas 4! Après tractations, on tombe d’accord, le prix ne sera pas majoré et je lui laisserai un bon commentaire sur booking en contrepartie. Vive le commerce ! Quant à la voiture, elle semble être en pleine forme, plus aucun signe de faiblesse pour le levier de vitesse, je me dis que c’était peut-être qu’une poussière,un caillou ou de la boue qui bloquait la course de l’embrayage.
On s’engage donc sur cette piste de 150 km qu’il faudra la journée entière pour parcourir jusqu’à Mateiros. En chemin, on aurait pu faire un détour pour voir une cascade, mais 60 km de détour sur des pistes nous ont bien refroidi. On ne croisera que 2 voitures sur toute la journée de 6h passés à rouler. La piste n’a rien de compliquée pour un 4×4 mais le terrain change tout le temps (terre, tôle ondulée, sable, pierres) il faut être vigilent on ne peut pas rouler vite. A part une ou 2 fois et uniquement par sécurité pour des franchissements un peu limites sur des grosses pierres en dénivelé important, je n’aurais jamais besoin d’utiliser la traction du 4×4. Sur notre chemin il y avait aussi la fameuse dune du Jalapão. Il faut payer un guide 150R$ pour parcourir les 5 derniers km, donc non merci, des dunes j’en ai plein autour de chez moi, j’y vais tout seul en 4×4 et c’est gratuit. A Mateiros on se renseigne au camping (fermé) à l’entrée du village qui nous indique 2 pousadas « barrato » (bon marché). On choisira la pousada dunas do Jalapão, très bien et pas cher, comme ça on a pas vu la dune mais on a dormi dedans…
Lundi 27 novembre, on poursuit dans le Jalapão et on marque un premier arrêt à la Cachoeira do Formiga. A peine garés, un monsieur (avec une banane autour de la ceinture qui ne laisse pas beaucoup de doute sur ses intentions) nous annonce que c’est 50R$ par personne. Nos 2 jeunes compagnons décident de ne pas y aller. Nous on dit, ok on va voir, on paye où ? le monsieur nous répond : vous prenez ce chemin et c’est au bout. D’accord. On y va, personne ne nous demande rien, il y a des gens qui se baignent et un guide qui surveille. La cascade est belle, les eaux sont cristallines. Comme personne ne nous demande rien, j’en déduis que c’est payant seulement si on se baigne, je dis donc à ma femme d’aller chercher nos compagnons. On restera un petit moment, à prendre des photos et sans se baigner.
Au moment de repartir, sur le parking, « monsieur banane » vient nous accoster : il faut payer! Comment ça ? Il n’y a aucune pancarte pour indiquer le prix, vous m’avez dit d’aller au bout du chemin pour payer, j’y suis allé et on ne m’a rien demandé, on ne s’est pas baigné, alors vous savez quoi ? Je ne payerais pas. Sitôt dit, sitôt fait :-).
On reprend la piste en direction de São Felix do Tocantins. Après une pause pour casser la croûte, rebelote avec mon levier de vitesse au moment de repartir. J’arrive à passer la seconde et je me dis qu’on va aller jusqu’au village comme ça, je ne prends pas de risques. De plus en plus je pense à un problème de bulle d’air dans le circuit d’embrayage et Oscar qui est aussi mécano à ses heures pense la même chose. Il me dit qu’il faudrait qu’on trouve un peu de liquide de frein pour pouvoir purger le circuit, mais va trouver ça au milieu du Jalapão !
Nous arrivons à São Felix, on pose nos valises dans une des rares pousadas du village et on repart voir le Fervedouro bela vista, réputé pour être le plus beau fervedouro du Jalapão. La chance est avec nous, il n’y a personne.
Les fervedouros sont des puits d’eau minérales au milieu de la jungle, la pression remonte du fond ce qui donne une sensation de baignade dans une baignoire de champagne. C’est extraordinaire et magnifique. Depuis quelques années ce « paradis perdu du Brésil » commence à subir les assauts du tourisme et cette nature fragile nécessite d’être préservée, c’est pourquoi l’accès aux Fervedouros est réglementé et limité à 20 minutes. On paye 20 ou 25R$ selon le lieu, ce qui est un prix tout à fait raisonnable compte tenu des aménagements et de la beauté des sites. Par chance, comme il n’y a personne, nous sommes autorisés à rester plus longtemps si aucun groupe n’arrive. On en profite bien.
De retour à la pousada, j’explore les lieux avec Google et je découvre un « Mecanica do Indio » à quelques km. Quelle chance ! C’est parfait on y passera demain matin.
Mardi 28 novembre on fait donc une halte chez ce mécano, purge du circuit, remise à niveau d’huile d’embrayage et c’est parti ! On n’aura plus de problème par la suite. On s’arrête au Fervedouro do Alecrim car, il faut bien le dire, on prend vite goût à ces baignades paradisiaques. On y observe un iguane et un caméléon tout en profitant de cette « piscine privée ».
Ensuite on reprend la piste, longue pour ressortir du Jalapão mais avec de beaux paysages comme la Serra da Catedral et la Serra do Gorgulho.
Plus loin j’ai l’impression de m’être perdu tellement la piste s’est réduite en un mauvais chemin, mais non, de toutes façons il n’y a pas autre chose. On va rouler comme ça jusqu’à Novo Acordo, un village sans charme avec des pousada sans charme et même plutôt des boui-bouis si on veut rester dans notre budget mais on n’a pas trop le choix, il est trop tard pour aller plus loin.
Mercredi 29 novembre, on prend la route pour Palmas, capitale du Tocantins. C’est une ville moderne, crée récemment (en 1989) après que le Brésil ait décidé de séparer le Goias en 2 États (Goias au sud, Tocantins au nord). Ville conçue pour la voiture avec de larges et grandes artères, comme à Brasilia et une place centrale, la praça dos Girasols, réputée pour être une des 2 ou 3 plus grande place du monde et la plus grande du continent américain.
Après cette halte, on continue vers le nord jusqu’à Araguaina, la seconde ville du Tocantins. C’est un léger détour sur notre prochaine étape (la chapada das mesas) mais l’occasion de rencontrer Florent, un français expatrié dans la région et qui m’avait envoyé les cartes du Jalapão, ce qui nous a bien aidé pour se débrouiller tous seuls. Il nous indique le quartier de la gare routière pour des hôtels pas chers et ça tombe bien, c’est à côté de chez lui.
Jeudi 30 novembre, nous arrivons dans la Chapada das Mesas, on prend le bac à Filadelfia pour traverser le Rio Tocantins et se retrouver à Carolina dans le Maranhão (État du Nordeste), mais on voit qu’ici ils se considèrent en Amazonie. D’ailleurs, à partir de Carolina, on roulera sur la « Transamazonia », la fameuse BR230.
On s’installe dans une maison en location pour 2 jours à Carolina avec l’intention d’en faire notre premier port d’attache pour la Chapada das Mesas. En fin d’après-midi nous allons au Portal da Chapada Mirante, une pierre percée située au sommet d’une montagne, pour admirer le coucher du soleil. L’entrée est évidement payante (20R$) mais après une courte randonnée avec un fort dénivelé, le panorama est magnifique. Cependant on ne comprend pas trop comment on peut observer le coucher du soleil depuis ce point mais malgré tout, le lieu est magique.
Vendredi 1er décembre on met à profit notre seconde journée à Carolina pour aller au complexe touristique da Pedra Caida où se trouvent de nombreuses cascades. « Complexe touristique » j’aurais dû me méfier. On m’avait dit : il faut payer 70R$ et ça donne accès à la piscine le téléphérique, la tyrolienne. Il faut ajouter un supplément pour les cascades qu’on choisi de visiter. Ok. Déjà arrivés sur place, voyant la configuration des lieux, nos jeunes compagnons décident de rentrer à la maison et feront du stop. Nous, on négocie un demi-tarif pour chacun de nous (à quelques semaines de l’âge canonique, c’est passé). Un fois à l’intérieur, seule la piscine d’un hôtel est gratuite, il faut payer pour tout le reste et ce n’est pas donné (de 35 à 70 R$ pour chaque cascade). Alors vous savez quoi ? On se fait rembourser et on s’en va. Au passage on récupère nos jeunes, pouce levé sur le bord de la route. Ce sera l’occasion de s’octroyer une journée de repos car le voyage est quand même fatiguant.
Samedi 02 décembre, on part pour Riachão, à l’autre extrémité de la chapada, avec l’intention de voir le poço Azul. Mais à l’arrivée, après pourtant une longue piste, c’est la déception. 80 R$ l’entrée par personne et l’impression d’arriver à Disneyland, plus rien d’authentique. On prend la fuite. Heureusement, 6 km plus loin, sur la piste, se trouve le poço encantado. Et là, c’est magnifique ! L’entrée n’est qu’à 40R$ (négociée à moitié prix pour les vieux) et après le départ d’un groupe venu en bus touristique, on se retrouve tout seuls dans ce paysage grandiose et enchanteur. La baignade dans ce cadre est fort appréciable et le pique-nique également.
Notre impression globale sur la Chapada das Mesas restera assez mitigé. C’est joli mais trop cher donc si on sélectionne les spots pour ne pas se ruiner on ne voit pas grand chose et, du coup, ça ne vaut pas le détour. On aura vu. Maintenant cap sur la Serra da Capivara.
On décide donc de ne pas s’attarder plus longtemps à Riachão, inutile d’y passer la nuit, on roule vers notre prochaine étape sur la Transamazonienne. On fera étape à São Domingos do Azeitão un bled perdu avec un seul hôtel (trop cher), on rebrousse chemin pour aller dormir 1 ou 2 km avant le village, dans un petit hôtel pour routiers situé en face d’une station service. C’est un peu laborieux pour trouver la propriétaire mais finalement on y dormira bien et on y mangera même très bien le soir, de bons petits plats mijotés au feu de bois pour 20R$.
Dimanche 03 décembre, après un passage à la Borracharia (pneu qui perd depuis Araguaina et qui s’avère être crevé) on prend la route pour São Raimundo Nonato et la Serra da Capivara. La pousada repérée sur Booking où on voulait faire étape est fermée mais la propriétaire nous indique d’autres adresses dont un hôtel en centre ville, très bien et pas cher où on restera 2 nuits. J’ai déjà pris contact avec un guide pour la journée du lendemain.
Lundi 04 décembre, notre guide Nestor nous attend à 8h à l’entrée du parc da Pedra Furada dans la Serra da Capivara, il nous faut 35 bonnes minutes pour le rejoindre depuis l’hôtel. Il m’avait prévenu la veille qu’il adapterait son programme en fonction du groupe et on n’a pas été déçus.
La Serra da Capivara est souvent comparée à la Cappadoce Turque pour ses paysages. Je dirais que c’est un mélange de grottes de Lascaux à la puissance 10 mais à ciel ouvert, dans un décors à mi chemin entre le grand canyon et la Cappadoce et peuplé d’une abondante faune sauvage. Bref, c’est tout simplement EX-TRA-OR-DI-NAIRE !! une région méconnue, malgré son inscription au patrimoine de l’UNESCO, mais qui vaut largement le voyage.
Nous commençons la visite par 4 heure de marche dans différents sites regroupés autour du Sitio do Moco. Le Toca dos Rodrigues et le Caldeirão dos Rodrigues qui offre de beaux points de vue. Puis le Toca do Sitio do Meio et enfin le Boquierão da Pedra furada. Sur chaque site nous pouvons admirer des quantités impressionnantes de peintures rupestres représentant des animaux dont certains animaux géants de la « mégafaune » de l’époque préhistorique, mais aussi des scènes rituelles, de vie, de fêtes voire de sexe. Les peintures ici ont été datées sur une époque remontant de 12.000 à 50.000 ans pour certaines. C’est extrêmement impressionnant. Il s’agit des plus anciennes traces de la présence de l’homme sur le continent américain. C’est aussi le plus important site de peintures rupestre du monde.
Après un pique-nique rapide, nous poursuivons la visite par la Pedra Furada, imposante pierre percée, la carte postale du site, puis nous grimpons au Mirante da Ponta da Pedra pour admirer le panorama à 360°.
Nous reprenons ensuite la voiture pour une autre entrée du parc, située à une 10aine de km, le Desfiladeiro. Là nous visitons le Toca do Inferno, un long défilé se terminant en grottes gigantesques, puis le Toca do Pajau et le Baixão da Vaca, autres sites de peintures rupestre magnifiques et très impressionnantes. Nous croisons souvent des mocos, ces petits rongeurs très présents dans le parc. Nous verrons aussi une biche mais pas d’ocelots ni de tapirs, ni de tatous (bien qu’il m’ai semblé en apercevoir un) ni de capivaras. Tous ces animaux sont bien présents dans le parc mais il n’est pas facile de les voir. On verra aussi des lézards à dos rouge, une espèce endémique de la région.
Il est près de 18 heures lorsque nous prenons congé de notre guide, qui nous a régalé toute la journée. Très bon choix (Nestor, guide lusophone uniquement, contact WhatsApp +55 89 8111 5680).
Malheureusement pour nous les 2 musées sont fermés les lundi et mardi et ne réouvrent que le mercredi après-midi, on décide donc de faire l’impasse.
Le lendemain nous allons (sans guide) dans la Serra Vermelha, sur le Sitio João Pimenta. L’accès se fait par une piste assez accidentée et pas vraiment accessible pour qui n’a pas un véhicule tout terrain. Il s’agit d’une propriété privée donc l’entrée et payante (10 R$) et le panorama magnifique, on peut s’y promener une bonne heure le long des falaises. On renoncera à aller voir le Baixão das Andorinhas qui se trouve à proximité mais à l’intérieur du parc, donc ne se visite qu’avec un guide. Sur ce site on peut voir des nuées d’hirondelles (Andorinhas) mais à priori c’est plutôt le soir donc une raison supplémentaire pour ne pas s’y attarder.
On reprend donc la route vers le nord. Nous dormirons dans un hôtel du centre ville à Picos, une ville étouffante où il fait 40°C et je profiterai du stationnement de l’hôtel pour faire laver la voiture qui en a bien besoin.
Mercredi 06 décembre, c’est une journée de transit qui nous attend, nous roulons jusqu’à Juazeiro do Norte dans le Ceara. Bien que les distances ne semblent pas énormes, ça nous prendra une bonne partie de la journée. On s’installe dans un airbnb bon marché, puis nous allons visiter la principale attraction de la ville, la statue du Padre Cicero qui se trouve sur une colline surplombant la ville. On peut y accéder par la route ou par un téléphérique. C’est un peu le « Grenoble tropical », on y restera jusqu’au coucher du soleil. La nuit le lieu devient lugubre avec ce qui ressemble à une favela juste à ses pieds.
Jeudi 07 décembre, dernière journée de transition, il faut rouler jusqu’à Santa Cruz dans le Rio Grande do Norte où se trouve la statue de Santa Rita de Cassia qui est la plus grande statue catholique du monde. Elle atteint les 56 mètres (socle compris). Pour comparer, le fameux Christ Rédempteur de Rio de Janeiro ne mesure « que » 38 mètres. Comme nous arrivons en fin d’après-midi, on s’installe dans une pousada du village, simple, confortable et vraiment pas chère (55 R$ pour 2 personnes). Sans doute la journée la plus économique de tout le voyage puisque qu’à midi nous avions déjeuné dans un restaurant churascaria, buffet à volonté pour 12 R$ par personne. Du coup le soir, on s’offre de bonnes caïpirinhas dans un bar de Santa Cruz.
Dernière journée de notre road trip, nous sommes le vendredi 08 décembre, on commence la journée par la visite de la statue Santa Rita de Cassia et son sanctuaire. La statue est imposante, je ne suis pas grand fan de la sculpture du visage ni de la posture, mais cela reste impressionnant. Comme à Juazeiro do Norte (ou à Salvador de Bahia) il y a de nombreuses offrandes et les fameux petits rubans colorés porte bonheur, déposés un peu partout. Nous prenons ensuite la route pour Natal (il reste moins de 2 heures de route pour atteindre notre destination finale) où nous laissons nos compagnons de voyage à la gare routière, eux vont continuer vers le sud (Pipa, Salvador de Bahia, Boipeba) et nous retournons chez nous, vers le nord à Praia Zumbi.
Le bilan global du roadtrip :
.Très bons souvenirs dans la Chapada dos Veadeiros, mériterait un séjour un peu plus long malgré le budget nécessaire (il aurait mieux valu zapper la chapada das mesas dans notre programme).
.Magnifique Jalapão, surtout pour ses Fervedouros, peut-être un regret de n’en avoir fait que 2 mais ils se ressemblent un peu tous. C’est par contre beaucoup de km de pistes fatigantes et des prix parfois excessifs (pour la dune ou les cascades). Peut se faire en autonomie avec un 4×4 mais ils n’aiment pas ça (d’où les prix prohibitifs quand on arrive seuls à la dune ou d’autres lieux). La plupart des gens achètent un « pacote » tout compris à partir de Palmas et c’est très cher : 3500 R$ et plus par personne, pour 2 ou 3 jours.
.Déception de la Chapada das Mesas. C’est certes très joli mais à l’écart de tout, le détour ne mérite pas le prix qu’il faut payer. Les infrastructures sont, à mon goût, trop organisées pour du tourisme de masse, alors qu’il n’y a personne, c’est vraiment dommage. On aurait préféré des paysages plus authentiques.
.Gros coup de cœur pour la Serra da Capivara. C’est tout simplement grandiose, captivant et émouvant, tant les lieux sont chargés d’histoire et les paysages fantastiques.
.Budget : on a réappris à découvrir des pousadas vraiment pas chères en voyageant avec des jeunes, et finalement, c’est très bien comme ça, on trouve tout l’essentiel (lit confortable, clim, salle de bain privée) à des prix assez dérisoires si on n’est pas trop regardant sur la déco ou la propreté. On n’a jamais dépensé plus de 150 R$ ou 160 R$ par nuit à 2 et parfois beaucoup moins. Le record reste la pousada à 55 R$ pour 2 personnes à Santa Cruz et pas loin derrière, la belle maison toute équipée à Carolina pour 150 R$ la nuit (à 4 !). Et les endroits les moins chers n’étaient pas les moins bien. Ceci nous a permis de tenir notre budget malgré les surprises sur les visites, le fait que tout soit payant, et les km mal évalués (j’avais estimé le voyage à 3500 km, on en a fait 4200).
.Durée : 3 semaines, c’est plutôt bien, on aurait pu séjourner un ou 2 jours de plus à chaque étape, mais on a fait le choix d’avancer (contrainte de budget et envie d’arriver à Natal pas trop tard pour retrouver des amis) et de se focaliser sur l’essentiel. Il faut tout de même avoir une grosse habitude de la conduite au Brésil pour tenir ces délais car c’est fatigant, ce ne sont que des petites routes (parfois des pistes) avec beaucoup de camions, des dépassements compliqués. Parfois des portions de routes où on est seuls, mais cela reste des routes secondaires, étroites et qui réservent des surprises (nids de poule, lombadas…).
.Astuce pour comparer les prix : à l’époque de ce voyage le R$ s’échangeait à environ 1€ pour 5R$ donc pour vous faire une idée des prix en € il vous suffit de multiplier par 2 et diviser par 10. Une pousada à 55 R$ c’est donc 11 €, un dîner à 20 R$ c’est 4 € par personne, un restaurant buffet à volonté pour 12 R$ c’est 2,40 € par personne, une cascade à 80 R$ c’est 16 € par personne, un voyage organisé « tout compris » dans le Jalapão au départ de Palmas, à 3500 R$ pour 3 jours, c’est 700 €.
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